La conversion écosophique des pratiques de création ou la puissance de l’indétermination

De nombreux qualificatifs sont proposés pour caractériser les pratiques actuelles de création qui s’exercent « à découvert », à même les territoires, en interaction étroite avec les lieux et les personnes. Elles possèdent un caractère nécessairement processuel car les nombreux rapports qui se nouent à l’occasion de ce travail de création ne peuvent pas être complètement anticipés dans le strict cadre d’un projet et de sa mise en œuvre. Des événements surviendront inéluctablement qui ré-interpelleront les intentions du travailleur créatif-intellectuel et les (ré)actualiseront à nouveau compte. Elles impliquent une dimension écosophique [1], plus ou moins anticipée et élaborée, car les lieux ou les institutions ne sauraient être réduits au silence (renvoyés à un simple bruit comme l’écrirait Jacques Rancière) ; ils prennent part [2], et fortement, sous la forme d’un imaginaire associé à un lieu, d’une symbolique propre à une institution ou encore des usages constitutifs d’une réalité sociale. Le travailleur créatif-intellectuel n’agit pas en terrain neutre, mais dans un environnement riche et actif, forcément indéterminé, qui le sollicite dans ses choix, le trouble et le motive, et qu’en retour il sollicitera. Il engage un rapport incisif avec cette multiplicité – une multiplicité à partir de laquelle, avec laquelle, mais aussi contre laquelle, il exerce son talent.

Le « lieu » de la créativité s’est déplacé

Il n’est plus rapporté exclusivement et absolument à la personnalité du travailleur, à son inspiration ou son génie. Les avant-gardes politico-artistiques ont définitivement défait cette illusion, qui apparaît aujourd’hui comme l’ultime permanence de l’académisme. Cette créativité intègre, actualise et compose une multiplicité de signes, de formes ou de sensibilités qui appartiennent à notre commun de vie et d’activité – un commun qui ne cesse de se réinventer – même si la réification de la figure de l’auteur est farouchement défendue, aujourd’hui encore par exemple, par le marché ou les institutions de l’art qui y puisent leurs ultimes raisons d’exister. Nous reprenons à notre compte, sur le terrain du travail créatif-intellectuel, une analyse que Yves Citton a consacré à l’activité d’enseignement : « [Le travailleur créatif-intellectuel] peut présenter son savoir et son pouvoir comme « empruntés » à la une puissance d’intellection commune, dont il n’est ni le détenteur privilégié, ni le gardien jaloux, ni l’initiateur sacré, mais dont il s’efforce de réaliser la nature commune en poursuivant son enrichissement avec des [publics, des habitants, des personnes…] qui y participent aussi pleinement à leur manière » [3]. Le travailleur créatif-intellectuel apporte une contribution irremplaçable dans ce mouvement ininterrompu d’invention et de ré-invention du « commun des hommes » [4] mais en se situant tout à la fois comme contributeur et emprunteur, initiateur et récepteur, producteur et bénéficiaire. Cette réversibilité est absolument fondamentale. Méconnaître la puissance créatrice d’un travail spécialisé et autonome, hautement singularisé (le travail artistique, d’enseignement, de recherche, de fabrication artisanale, de production paysanne…) signerait un appauvrissement de notre constitution commune qui, comme l’a fortement soutenu Henri Lefebvre, ne s’enrichit et ne s’émancipe pleinement que lorsqu’elle se réalise et s’actualise à différents niveaux de réalités (le quotidien, l’art, le rêve, le fantasme, le technique, l’ordinaire, le spécialisé…). Mais la sacraliser en l’attribuant à l’inspiration d’un seul – l’auteur – serait commettre un tort fondamental à ce que nous partageons ensemble, à savoir notre puissance d’invention commune, que ce commun prenne la forme d’une vie de quartier, d’une langue, d’un art de faire culinaire, d’un corps, d’une sensibilité, d’une communauté de travail…

Se rapporter au « commun des hommes »

Le travail créatif-intellectuel se confronte à notre vie commune, mais nullement pour la provoquer, la détourner ou la subvertir. Cette conception a produit le meilleur (les provocations avant-gardistes), et ce « meilleur » est aujourd’hui reproduit avec beaucoup de complaisance sous la forme de « clins d’œil » sociétaux, parfaitement absorbés et valorisés par le marché de l’art ou l’industrie culturelle. Le rapport que le travail créatif-intellectuel engage avec le « commun des hommes » est d’une toute autre envergure politique, pour peu que nous nous situions dans une perspective écosophique. L’activité créative-intellectuelle est en capacité de reformuler nos manières communes de dire et de voir, de ressentir le supportable et l’insupportable, de défaire les consensus et d’explorer le dissensus. Elle contribue à nous désadapter, à nous désidentifier, à faire défection par rapport aux places et aux rôles qui nous sont assignés. L’activité créative-intellectuelle se présente aujourd’hui comme une des « puissances » dont nous disposons en commun et qui nous permettent de redisposer les champs d’expérience et de redéployer les possibles [5]. Elle nous met à l’épreuve de ce que nous avons nous-même institué. Elle nous confronte au risque de nos propres réalités d’existence. L’activité artistique excelle dans ce processus mais elle partage cette faculté d’exploration et d’expérimentation [6] avec une multiplicité d’autres pratiques : les sciences sociales, les savoirs paysans ou la réparation d’un carburateur [7], par exemple. L’idéal de subversion et de provocation maintenait l’art en position d’extériorité, en surplomb, à la manière effectivement d’une avant-garde – une avant-garde en capacité d’avoir raison au nom de tous mais aussi à la place de tous. En assumant une perspective écosophique, l’activité artistique devient une faculté à part entière de notre « vie commune » – une puissance du dedans, un agir de l’intérieur et par l’intérieur – à l’égal de bien d’autres, mais sans pour autant être assimilée à n’importe quelle autre [8]. C’est en endossant cette tension que l’activité artistique préserve sa spécificité – elle reste inassimilable et c’est bien cette radicale étrangeté qui lui permet d’œuvrer au redéploiement de nos paysages sensibles – tout en œuvrant néanmoins comme « puissance du commun », à travers en particulier ce que Jacques Rancière nomme le « partage du sensible », à savoir la redistribution conflictuelle entre lisible et visible, entre ce qui est reconnu, par exemple, comme bruit, parole ou silence. L’activité artistique, dans cette optique, est bien une manière contemporaine de nommer l’immanence, à travers sa faculté d’introduire des ruptures à même les situations, de démultiplier les réalités à partir de ce qu’elles incorporent, de déployer des possibles sur le plan même où se constituent nos existences. Cette immanence peut pareillement prendre le nom de « recherche en science sociale » ou de « travail paysan », en fait le nom de n’importe quelle activité à condition qu’elle redéploie notre puissance d’agir sur le terrain même où elle s’accomplit, sans recourir à nulle autre autorité que son seul exercice.

Exposé à l’indétermination des situations

Les pratiques processuelles et contextuelles (écosophiques) confrontent nécessairement les créateurs à l’indétermination des situations. L’événement peut survenir à chaque moment du processus, que ce soit sous la forme, par exemple, d’une prise de parole, par nature toujours intempestive, ou d’un usage jusqu’alors resté inaperçu. Mais c’est bien dans ce rapport incertain à son propre environnement que l’activité créative-intellectuelle révèle son possible, éprouve son devenir, prouve sa puissance. C’est effectivement dans ce moment de suspension et de tension, d’hésitation et d’engagement, d’inquiétude et d’enthousiasme, que l’activité de création se déploie avec le plus d’intensité. Comment mettre au travail cet événement ? Comment se mettre au travail à partir et grâce à cet événement ? Comment le travailleur créatif-intellectuel réagit-il aux signes que lui adresse son environnement ? Saura-t-il les entendre, les ressentir, les percevoir ? Y parvient-il lorsque ces signes lui adresse essentiellement du doute, de la résistance ou de la défiance  ? En faisant l’expérience de cette conversion écosophique des pratiques et des pensées, le travailleur créatif-intellectuel n’est plus seulement exposé à l’indétermination de ses propres désirs ou de sa propre pensée, il l’est sociologiquement et anthropologiquement à cette « multiplicité active et agissante » qu’il a incorporée à son propre processus de travail (un territoire, un groupe de personnes, une machine, une institution, un lieu, un corps…). Lorsque Félix Guattari caractérise une écosophie, il le fait autant sur le plan d’une écologie mentale (à laquelle est confronté classiquement n’importe quel créateur) que sur le plan d’une écologie sociale (que le créateur s’emploie à découvrir, à apprivoiser et à agir [9]). Le « lieu » de la créativité s’est effectivement déplacé. Il est intimement associé à l’élaboration sensible et conceptuelle, technique et matérielle, des multiples formes d’entrer-en-rapport qui caractérise une activité créative-intellectuelle – une activité qui se réalise à découvert , de plein vent et de plain-pied, en prise immédiate, sans filtre, avec cette multiplicité que constitue la « puissance commune » ou le « commun des hommes », que cette puissance se matérialise dans un lieu ou une machine ou qu’elle se manifeste dans une institution ou une communauté de vie et d’activité.

Co-effectuer, contre-effectuer

Le travailleur créatif-intellectuel vit le « meilleur » de son engagement dès lors que son propre projet finit par s’indéterminer et que les perspectives qu’il ouvre réserve autant d’incertitude que d’aboutissement, autant de « réussite » que d’ »échec » (en regard des intentions affichées). Il construit alors un rapport particulièrement actif à sa propre activité. Comment la maintenir ouverte et réactive, accessible et disponible, sensible à son environnement et réceptive aux événements qui surviendront immanquablement ? Cette disponibilité et cette réactivité relèvent bel et bien d’un ensemble d’« arts de faire » (Michel de Certeau) [10]. Nous pouvons en lister quelques uns : déchiffrer les signes que nous renvoie n’importe quelle situation dans laquelle nous intervenons ; reparcourir une expérience afin d’en dégager les perspectives ; construire prioritairement le problème alors que tout nous incite à nous orienter vers la solution ou la réponse [11] ; éviter de psychologiser et de culpabiliser les malentendus alors que ce bégaiement de la pensée et de l’action réouvre le possible [12] ; co-effectuer et contre-effectuer les situations afin de ne pas en devenir le simple répétiteur ; construire sur un mode pluraliste les « expertises » et contribuer ainsi à desinhiber les imaginaires ; se rendre volontairement vulnérables aux actions et idées d’autrui… [13]. La question de l’aboutissement ou de l’empêchement d’un projet interroge fondamentalement le rapport que le travailleur créatif-intellectuel engage avec son propre processus de pensée et d’action et avec les multiples extériorités (environnements, contextes, interrelations) qui sont constitutives de sa pratique. Selon la signification qu’il donnera à tel événement ou malentendu, à tel signe d’opposition ou d’adhésion, selon la façon dont il va les impliquer dans sa pratique, ces réalités seront vécues dans les termes d’un possible ou d’une impossibilité, d’une disponibilité ou d’une fermeture. Dans une perspective écosophique, nous évitons donc de substantialiser l’aboutissement ou l’empêchement. Ils ne font pas sens en soi, comme tel. C’est la façon dont le travailleur créatif-intellectuel va les réengager dans sa pratique – leur accorder une signification, les indexer dans un agir – qui devient la question essentielle. Échecs, blocages, malentendus sont donc autant d’événements qui ont avant tout besoin d’être explorés (qu’est-ce qu’ils disent ? Leur lisibilité) et d’être expérimentés (qu’est-ce qu’ils réservent ? Leur devenir). Sur le terrain écosophique, tendre systématiquement vers la conclusion et rechercher le plus court chemin vers l’aboutissement sont des intentionnalités aux effets rarement très fructueux ; poursuivre son effort d’exploration apporte autrement plus de satisfaction et de créativité et, in fine, de « réussite ».

Quelle politique de création ?

6. Comment penser une « politique de création » qui assume pleinement ce rapport indéterminé aux situations ? Qui engage un rapport pareillement actif et créatif à l’accomplissement et à l’empêchement ? Qui accepte de se laisser surprendre ? Qui accueille l’événement ? Qui reste ouvert à son propre devenir, emprunterait-il des chemins inattendus ? Nous recourrons à la notion de « politique de création » au sens où Jacques Rancière peut parler d’une « politique de l’art » : « Ce qu’une intervention artistique peut produire, ce en quoi elle peut être politique, c’est une modification du visible, des manières de le percevoir et de le dire, de le ressentir comme tolérable ou intolérable. […] C’est bien ainsi que j’entends la « politique » de l’art : comme la construction de paysages sensibles et la formation de modes du voir qui déconstruisent le consensus et forgent à la fois des possibles et des capacités nouveaux » [14]. Une telle politique ne relève ni d’un volontarisme avant-gardiste, ni d’un spontanéisme associé à une supposée créativité intrinsèque au social. Elle s’énonce dans les termes d’une exploration et d’une expérimentation. Elle engage centralement le rapport écosophique que le travailleur créatif-intellectuel (l’artiste, le chercheur en science sociale, le réparateur du carburateur, le travailleur paysan) engage avec les intériorités et les extériorités de sa propre pratique [15]. Cette politique écosophique de création est parfaitement étrangère à l’individu narcissique contemporain (l’artiste, l’auteur, l’intellectuel, le manager, le leader…) qui vit inéluctablement toute réalité comme le nécessaire prolongement de sa volonté et le non moins nécessaire accomplissement de ses projets. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le souligner, cette conversion écosophique des pratiques de création (matérielle ou immatérielle) contribue à l’enrichissement de notre agir commun et, à ce titre, s’oppose radicalement à toutes les logiques de domination, de disqualification ou de hiérarchisation, qui isolent, divisent et appauvrissent. De telles logiques sont complètement antagoniques avec une authentique politique de création dans la mesure où elles sont destructrices de commun et où elles fabriquent avant tout de l’impuissance – de l’impuissance à penser et à agir, en raison de la seule défense d’une position acquise ou de la valorisation exacerbée de soi par soi. À nouveau, pour illustrer le caractère fondamentalement écosophique et commun de la politique de création que nous appelons de nos vœux, nous invitons le lecteur à entrer dans l’atelier de réparation de Matthew B. Crawford pour découvrir qu’il est impossible d’exercer son métier de manière isolée, sans accéder à la mémoire collective de la profession et, comme il l’écrit, « sans nourrir de solides racines au sein d’une communauté », en y constituant un « réseau d’échange de faveurs réciproques » [16].

Un rapport créatif à ses propres processus

Dans cet article, nous avons tenté d’esquisser ce que pourrait recouvrir « une conversion écosophique des pratiques de création ». Cette conversion nous « oblige » (au sens productif et stimulant du terme) à (re)penser une politique de création. Elle nous oblige en premier lieu à transformer la « grammaire du travail », ne serait-ce simplement qu’en faisant évoluer nos modes de nomination et de dénomination. C’est la raison pour laquelle tout au long de cet article, nous avons ré-englobé sous le terme « créatif-intellectuel » une grande diversité de pratiques et de métiers qui pourraient se trouver heureusement concernés par cette conversion écosophique. Le lecteur aura remarqué que nous traitons pareillement travail matériel et travail immatériel, dès lorsqu’ils s’exercent sur un mode créatif-intellectuel. Faire la différence entre le travail paysan et l’agriculture, entre un réparateur et un service après-vente est, de ce point de vue, tout à fait fondamental. De la même façon, au sein des activités classiquement immatérielles, telles que l’art ou la science sociale, l’agir et la pensée écosophiques œuvrent essentiellement encore en tant que devenirs minoritaires. Sur ce terrain-là aussi, un effort de démarcation politique est à engager fermement.

Deux grandes perspectives nous semblent caractériser cette politique de création, à la portée écosophique. Nous insistons tout d’abord sur l’importance du rapport créatif que l’activité maintient avec ses propres processus et avec son environnement. Nous soulignons en second lieu que chacune de ces pratiques, hautement spécialisées et singulières, contribue au « commun des hommes », à leur puissance commune, et qu’elle y parvient en défaisant toute hiérarchisation et verticalité et en se déployant comme pure immanence, sur un plan de réciprocité et d’égalité. En effet, une politique de création ne saurait exister, dans les termes où nous la défendons, si nous reconduisons à l’identique les rapports habituellement profondément inhibants et disqualifiants entre l’artiste et le public, l’enseignant et les étudiants, le réparateur et l’utilisateur, le paysan et le consommateur… Nous concluons en laissant à nouveau la parole à Matthew B. Crawford [17] : pour vraiment connaître une paire de lacets, il vous faut faire l’expérience de les attacher, et cette expérience nous est commune, même si nous l’inscrivons dans une optique différente selon que nous sommes marcheur ou savetier.

Pascal NICOLAS-LE STRAT, juillet 2010

[1] Félix Guattari, Les trois écologies, Galilée, 1989.

[2] Jacques Rancière, La mésentente, Galilée, 1995.

[3] Yves Citton, Mythocratie (Storytelling et imaginaire de gauche), éd. Amsterdam, 2010, p. 139.

[4] Antonio Negri, Inventer le commun des hommes, Bayard, 2010, 298 p. (tr. revue par Judith Revel).

[5] Jacques Rancière, Et tant pis pour les gens fatigués – Entretiens, éditions Amsterdam, 2009, p. 589 et sq.

[6] Cf. notre livre, Moments de l’expérimentation, Fulenn, 2009.

[7] Matthew B. Crawford, Éloge du carburateur (Essai sur le sens et la valeur du travail), La Découverte, 2010, 249 p. L’auteur dénonce une ingénierie dont l’objectif essentiel est « de dissimuler autant que possible les entrailles des machines » et de les rendre indéchiffrables, en particulier en les saturant de gadgets électroniques inutiles. Elle bloque les chemins d’accès et rend la technique inaccessible. Cette ingénierie fabrique avant tout de l’impuissance (cf. Jérôme Vidal, La fabrique de l’impuissance 1 – La gauche, les intellectuels et le libéralisme sécuritaire, éd. Amsterdam, 2008). La capacité de réparer l’objet technique devient, dans cet optique, un enjeu politique majeur, à travers le refus de rester assigné à sa place de consommateur ou d’utilisateur.

[8] Notre préférence s’oriente sans hésitation vers la dénomination « activité artistique » dès lors que notre cadre d’analyse relève bien de l’instauration et de l’exercice d’une faculté / d’une puissance, de préférence au terme « art » (au caractère trop substantialisé) ou « artiste » (qui n’échappe jamais totalement à la tentation de réifier la figure du créateur).

[9] Nous voyons dans cette conversion écosophique des pratiques de création la raison pour laquelle des artistes en grand nombre affirment aujourd’hui leur souhait de se former aux sciences sociales, en particulier en engageant des cursus universitaires en sociologie, anthropologie ou science politique.

[10] Nous nous sommes essayé à cet exercice de caractérisation d’un certain nombre d’arts de faire inhérents à une pratique écosophique dans nos deux derniers ouvrages : Expérimentations politiques, Fulenn, rééd. 2009 et Moments de l’expérimentation, Fulenn, 2009. À propos des arts de faire associés au travail collectif, se reporter également à l’ouvrage de David Vercauteren (en coll. avec Thierry Müller et Olivier Crabbé), Micropolitiques des groupes (Pour une écologie des pratiques collectives), HB éd., 2007.

[11] Nous nous sommes familiarisé avec cet art de faire en l’amicale compagnie de François Deck, professeur à l’École supérieure d’art de Grenoble.

[12] Jean-Paul Thibeau, professeur à l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence, excelle dans la mise au travail et la ré-effectuation des malentendus. Cf. son site des Protocoles méta : www.protocolesmeta.com/.

[13] Cette liste pourrait constituer l’ébauche d’un programme pour une École d’art !

[14] Et tant pis pour les gens fatigués – Entretiens, op. cit., p. 591 et 606.

[15] Cet effort d’exploration et d’imagination (cette inclinaison écosophique) est remarquablement illustré par Matthew B. Craxford lorsqu’il engage une réparation. Il s’agit en premier lieu de déchiffrer la situation-problème (la panne), non pas tant de résoudre le problème que de trouver le problème (op. cit., p. 45). Il ajoute qu’il convient de se montrer attentif, comme dans une conversation, et non pas affirmatif comme dans une démonstration (idem, p. 101).

[16] Idem, p. 33.

[17] Ibidem, p. 188.