Le capitalisme contemporain démultiplie et dissémine les activités immatérielles, qu’elles relèvent des champs artistique, intellectuel (formation, recherche sociale, consultance) ou social (insertion, prévention, éducation) ou, encore, du soin et de la politique urbaine. Ce processus déstabilise profondément les institutions qui, historiquement, assuraient la structuration et la régulation de ces activités. Ce processus de dissémination et de démultiplication de la force de travail immatériel ne doit pas être analysé uniquement sur le registre de la perte (des distinctions historiques) et de la crise (des statuts canoniques). Des lignes constituantes fraient leur chemin ; elles demeurent contradictoires et fragmentaires. Elles sont à élaborer et à tracer politiquement au plus près de l’activité, en rapport immédiat avec les nouvelles expériences de travail. Les travailleurs de l’art, du social, du soin et de la recherche ne peuvent se défendre que sur le terrain qui est le leur, sur celui que détermine le capitalisme contemporain, en particulier sur le terrain d’une intermittence généralisée (mobilité, fragmentation des espaces-temps du travail, dissémination de l’activité, alternance du travail rémunéré et du travail gratuit), en promouvant, tout particulièrement, des formes ambitieuses de coopération et de mutualisation afin de faire émerger du « commun » là où la violence néolibérale génère hyper-concurrence et hyper-individualisme.