Épistémopolitiques émancipatrices

Une pratique de recherche est interpellée par une multiplicité de rapports sociaux, qui la traversent et l’éprouvent substantiellement, qu’il s’agisse des rapports de genre, de race, de classe, de génération, de savoir… Le chercheur ne peut l’ignorer. Au contraire, il doit constituer son implication comme outil de sa recherche car ce qu’il ressent et perçoit sollicite son attention, aiguise son regard, provoque son écoute. Il éprouve, possiblement, tendanciellement, fragmentairement, sur le plan de sa propre implication les expériences qui intéressent son travail de recherche.

Cette mise en risque, et donc en problématisation, de l’implication se partage au sein de collectifs de recherche élargis. D’où l’importance qu’ils soient composés de manière hétérogène, afin que les expériences de genre, de race, de classe, d’âge, de génération, de savoir, de handicap… puissent se risquer réciproquement, s’interpeller, s’éprouver chacune dans son rapport aux autres. Cette épistémologie suppose donc une très forte culture de l’explicitation. Chacun fait recherche avec ce à quoi les autres membres du collectif le font accéder. Le mouvement relève à la fois d’une forte singularisation (l’implication de chaque chercheur telle qu’elle se risque, s’expose et s’éprouve) et une non moins forte capacité de « communalisation », car il s’agit de penser avec l’expérience de l’autre, de faire recherche avec ce qu’il éprouve et qu’il sait partager.

les textes

L’engagement à l’épreuve d’un « faire »

Dans une heureuse formulation, Michel Lallement caractérise la période contemporaine comme celle d’un « âge du faire » [1], et cette tendance se vérifie particulièrement sur le terrain de l’engagement critique ou oppositionnel. Qu’est-ce qui est opposé aux fonctionnements établis ? Qu’est-ce qui est adressé comme critique aux réalités présentes ? En premier lieu,

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Coopérer, un processus à « découvrir »

Contribution à l’ouvrage collectif Co-création, Les Presses du Réel, co-dirigé par Marie Preston (MCF en art à l’université Paris 8 – Saint-Denis) et Céline Poulin (directrice du CAC – Centre d’Art Contemporain de Brétigny). Le livre propose « une réflexion collective sur les pratiques artistiques coopératives et de co-création engagées dans

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Pratiques de la réciprocité

Depuis une déjà longue période, j’engage mon travail de sociologue en coopération avec des collectifs d’artistes, activistes, architectes, militants ou professionnels à l’occasion des expérimentations qu’ils engagent (des occupations, des jardins communs, des communautés de pratiques, des co-créations, des œuvres communes…) [1]. Ces expérimentations correspondent à une critique en acte

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Le moment « expérientiel » dans l’engagement critique

Ce texte se propose d’interroger l’articulation entre engagement critique et expérimentation à partir des initiatives prises par différents acteurs socio-politiques qui s’attachent à contredire les formes dominantes de faire la ville et de la vivre, de constituer les activités et de les pratiquer, de concevoir les institutions et de les

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D’après Foucault

Le livre est signé d’un historien et d’un philosophe de la génération d’après. Philippe Artières et Mathieu Potte-Bonneville rencontrent les travaux de Foucault au début des années quatre-vingt dix, quelques années après la disparition du philosophe, alors que l’Université française s’efforce de l’éloigner ou de l’oublier, avec la ferme intention

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Devenir média

À propos de : Olivier BLONDEAU, avec la collaboration de Laurence ALLARD, Devenir Média (L’activisme sur Internet, entre défection et expérimentation), éditions Amsterdam, 2007. Dans cet ouvrage solidement documenté, Olivier Blondeau, en collaboration avec Laurence Allard, construit l’histoire de l’activisme post-médiatique sur Internet, une histoire du temps présent qui constitue pourtant,

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