Une pratique de recherche est interpellée par une multiplicité de rapports sociaux, qui la traversent et l’éprouvent substantiellement, qu’il s’agisse des rapports de genre, de race, de classe, de génération, de savoir… Le chercheur ne peut l’ignorer. Au contraire, il doit constituer son implication comme outil de sa recherche car ce qu’il ressent et perçoit sollicite son attention, aiguise son regard, provoque son écoute. Il éprouve, possiblement, tendanciellement, fragmentairement, sur le plan de sa propre implication les expériences qui intéressent son travail de recherche.
Cette mise en risque, et donc en problématisation, de l’implication se partage au sein de collectifs de recherche élargis. D’où l’importance qu’ils soient composés de manière hétérogène, afin que les expériences de genre, de race, de classe, d’âge, de génération, de savoir, de handicap… puissent se risquer réciproquement, s’interpeller, s’éprouver chacune dans son rapport aux autres. Cette épistémologie suppose donc une très forte culture de l’explicitation. Chacun fait recherche avec ce à quoi les autres membres du collectif le font accéder. Le mouvement relève à la fois d’une forte singularisation (l’implication de chaque chercheur telle qu’elle se risque, s’expose et s’éprouve) et une non moins forte capacité de « communalisation », car il s’agit de penser avec l’expérience de l’autre, de faire recherche avec ce qu’il éprouve et qu’il sait partager.