Expérimenter, c’est constituer un contre-pouvoir à l’intérieur même des situations. Expérimenter, c’est faire advenir de nouvelles formes de vie et d’activité, de pensée et de création. Expérimenter, c’est se montrer aussi inventif et créatif que le sont les formes contemporaines de pouvoir. Expérimenter, c’est opposer aux dispositifs de domination une puissance d’autonomie et de singularisation. Expérimenter, c’est faire varier une situation pour en moduler les perspectives. Expérimenter, c’est déployer une question à l’endroit même où les institutions dominantes imposent leur réponse.
Le choix de l’expérimentation, le choix du micro ne traduit donc pas une préférence pour des réalités maintenues à portée de main comme si, en les faisant « petites » ou en les formulant petitement, on les maîtrisait mieux. Le choix du micro est une stratégie d’action. Une micropolitique signe une capacité à démultiplier et à intensifier, à agir au plus près des situations, à harceler les logiques dominantes et à « troubler » les fonctionnements établis.