Gestes de recherche, gestes du chercheur

Quand il introduit son travail, un chercheur en sciences sociales prend soin de toujours préciser son cadre théorique et son outillage méthodologique. Mais jamais, ou très rarement, il ne tente de caractériser sa façon personnelle d’investir ces cadres et de mobiliser ces outils. La façon, qui lui est spécifique, d’exercer son activité est peu ou pas questionnée. Ce qui fait la singularité de ses gestes de métier est rarement explicité et soumis à discussion. Les gestes du chercheur•e et les gestes de la recherche sont les grands oubliés des travaux en sciences sociales. Et, pourtant, chaque chercheur•e développe ses habiletés et ses dextérités, il affûtent ses compétences, il cultive ses capacités. Un geste de métier vient « dire » une façon personnelle de faire ce que l’on fait. Il laisse transparaître un phrasé particulier dans le maniement d’un concept, un accent, un ton, une musicalité. Il signale, voire signe, un style. Il convient donc de lever le couvercle des pratiques pour accéder à la finesse des gestes, à leur réglage, à leur mise au point. Un geste s’établit grâce à un long processus d’essais / erreurs, après beaucoup de tâtonnements. Il ne s’apprend pas mais s’entraîne : il s’exerce, sans relâche, dans une bagarre sans fin avec soi-même. Il signe le temps long du métier, le temps nécessaire pour accéder à une relative « maîtrise », qui sera remise en cause dès le chantier suivant, perturbée par le surgissement d’un nouveau questionnement.

les textes

L’espace public en gestes (et en paroles)

En Rue [1] contrarie l’effort de définition. Avec quels mots restituer cette expérience ? Avec quels cadres d’analyse la questionner ? Le projet est multiple, et change fréquemment de visage au cours d’un même chantier. Parfois ventriloque, un peu transformiste, il parle à plusieurs voix et revêt de nombreux aspects. Ainsi que

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Les gestes d’une écriture

L’auteur n’est jamais seul. Ou, plutôt, dans mon expérience d’écriture, je fais en sorte de ne jamais l’être. Lorsque j’engage la rédaction d’un texte, je le fais toujours accompagné. Je choisis un compagnon, une compagne et je chemine à ses côtés. Écrire est une façon de venir à sa rencontre.

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Puis-je (sur)vivre sans terrain ?

Texte préparatoire à la rencontre « Négocier ses terrains, cultiver ses possibles » du mardi 08 septembre 2015 à Bruxelles, initiée et animée par David Jamar. En cette rentrée universitaire 2015, je suis nommé sur un poste de professeur en sciences de l’éducation à l’Université Paris 8. L’inscription disciplinaire de mon poste

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Retour sur l’expérience du « journal de recherche »

À l’occasion d’une correspondance par mail, Sébastien Joffres m’a interpellé sur mon usage du journal de recherche, en particulier sur mon choix de le rendre public. Cet échange avec Sébastien m’a obligé à expliciter ma position, mais aussi mes hésitations et mes doutes. Le texte qui suit reprend donc les

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