L’auteur n’est jamais seul. Ou, plutôt, dans mon expérience d’écriture, je fais en sorte de ne jamais l’être. Lorsque j’engage la rédaction d’un texte, je le fais toujours accompagné. Je choisis un compagnon, une compagne et je chemine à ses côtés. Écrire est une façon de venir à sa rencontre. J’écris toujours en compagnonnage. Je choisis ce lecteur pour ce que je crois connaître de ses attentes et de ses désirs de recherche. Je le choisis pour l’intérêt qu’il pourra porter à mon travail. Je désire sa lecture et il appelle mon écriture. Qui est-il ? Qui est-elle ? À l’instant, alors que j’amorce ce texte, j’ai en tête la longue discussion que j’ai eue hier en terrasse, place de la Comédie, avec Sébastien Joffres à propos de l’écriture de sa thèse et de la formulation de son plan. Myriam Suchet est, à l’instant, elle aussi présente. J’ai été ébloui par le travail de co-lecture d’un de mes articles (Multiplicité interstitielle) qu’elle avait réalisé avec un groupe de doctorantes en études littéraires, alors que je séjournais, à son invitation, à Montréal. À cette occasion, je me suis découvert auteur, possiblement écrivain, alors que je me vis avant tout comme chercheur. Ce déplacement ne m’est pas familier et, s’il survient, je ne m’y attarde pas et me rapatrie sans tarder vers mon cœur d’activité, la sociologie. Je n’ai jamais écrit de fiction, et je n’envisage pas de le faire. Par contre, j’admets volontiers qu’une sociologie suppose une écriture et que devenir sociologue c’est aussi se découvrir auteur.
Écrire à propos de son écriture
Écrire à propos de mon écriture implique donc de nombreux ami-es avec qui je dialogue depuis plusieurs années. Ils peuplent mon écriture. Dans un fort beau texte, Francis Lesourd évoque le public intérieur qui s’invite en nous quand nous engageons une écriture. Nous écrivons pour ou avec ce lecteur imaginaire qui prend plusieurs figures, sur un mode généralement inconscient. Nous interagissons avec lui ; il peut intimider notre écriture, ou la motiver. Un des rares conseils que je pourrais donc donner quant à son rapport à l’écriture serait de porter attention à son « public intérieur », et de prendre soin de lui. De qui est-il composé ? De figures intimidantes comme peuvent l’être les membres d’un jury ? De présences stressantes comme peuvent l’être les multiples comités et commissions qui jugent de nos travaux dans notre vie académique ? Ou, à l’inverse, de collègues en affinité intellectuelle ? D’auteurs, d’aujourd’hui ou du passé, avec lesquels nous entretenons un stimulant dialogue de lecture ? Comme le souligne Francis Lesourd, ce « public intérieur » se forme et se reforme, se réforme aussi ; nous pouvons le composer et le recomposer. « Sans autoritarisme envers moi-même, j’essaye de collaborer à la formation de mon public intérieur, respecter ses mouvements qui m’échappent en grande partie tout en lui proposant d’ajouter d’autres points de vue. Dans ces moments-là, je discute avec moi-même un peu comme les membres d’un groupe de rock qui joue dans une cave et choisit d’inviter certaines personnes plutôt que d’autres à la répétition » [1]. Je peuple mon écriture et j’essaie d’adresser mes invitations avec suffisamment de discernement. Je n’associe pas n’importe qui à mon atelier intérieur d’écriture même si je sais que de nombreux « n’importe qui » s’y feront entendre, parfois bruyamment.
Il y a quelques minutes, j’étais en train d’informer un document d’évaluation en listant mes publications. Depuis mes débuts dans la carrière universitaire, ce type de contrôle vient toujours me dire la même chose : que je ne publie pas dans les revues référencées (i.e. les revues accréditées par les instances universitaires), que je publicise à tort mes travaux sur internet alors que je devrais me consacrer à des publications de plus haute estime, que mes écrits sont disciplinairement inclassables et me mettent en porte-à-faux dès lors que j’ai rendez-vous avec ma discipline d’attachement. J’ai un rapport de plus en plus détendu à ces enjeux mais je mentirais si je laissais penser qu’ils ne m’affectent pas. Mon « public intérieur » est indiscipliné, parfois franchement désordonné. Il s’est toujours trouvé en forte tension entre mes inclinaisons intellectuelles et les attendus institutionnels (académiques). Il est vrai que je me suis beaucoup déporté sur un plan disciplinaire ; j’ai commencé dans le métier en occupant un poste en science politique ; j’ai ensuite bifurqué en sociologie tout en exerçant la même activité. Je suis désormais titulaire d’un poste de professeur en sciences de l’éducation. Au moment où je rédigeais mon mémoire de HDR (Habilitation à Diriger des Recherches), ce désordre disciplinaire a pu me donner des sueurs froides. Je me laissais parfois surprendre, au détour d’un paragraphe, par un (par mon) « public académique » qui tentait de me rappeler à l’ordre et, soudainement, je me posais la question : est-ce de la sociologie que je suis en train d’écrire ? Comment va en juger mon jury ? Mon écriture sociologique ne serait-elle qu’une imposture ? Sur le long chemin d’une thèse ou d’un mémoire de HDR, nous n’évitons pas les méchantes ornières ou les virages assez traîtres. Si nous n’y prenons garde, notre « public intérieur » se ligue contre nous et se met à jouer très défavorablement. Il convient donc de veiller à ce que le public qui peuple notre écriture ne soit pas composé de n’importe qui et que nous y disposions de solides alliés.
À l’instant, pour pouvoir installer mon écriture, il m’a donc fallu mettre à distance la documentation évaluative qui encombrait mon esprit il y a simplement quelques minutes. Le fait de repenser à ma discussion avec Sébastien, le fait de me remémorer les beaux moments de lecture / écriture partagés avec Myriam à Montréal, ont largement contribué à composer ce « public » exigeant et accueillant, et donc fondamentalement stimulant, qui facilite l’accès à ma propre écriture. Car, comme le souligne Jean-Claude Passeron, « la fuite devant le labeur d’écrire est d’abord une fuite, non pas tellement devant les difficultés linguistiques de l’expression écrite, mais devant le risque d’avoir à penser sous le regard des autres, qui se trouvent ainsi placés […] dans la situation commode de pouvoir examiner et ausculter, sans risque ni obligation, en maîtres, un texte désormais offert à leur scalpel, nu et immobile, incapable de se défendre tout seul par ripostes ou argumentations défensives, « orphelin de son père » disait déjà Platon de l’écrit » [2].
Des présences intérieures
J’écris en contexte et en situation. Je l’ai particulièrement ressenti lorsque j’ai composé mes deux livres Expérimentations politiques et Moments de l’expérimentation. Chaque chapitre puisait son origine dans un travail conduit avec un collectif et, lorsque je mettais l’écriture à l’ouvrage, je revenais naturellement auprès de ces collectifs, au plus près des situations que j’avais partagées avec eux. L’ambiance de ces « terrains » me rattrapait progressivement. J’engageais mon écriture au beau milieu de ces expériences. Mon atelier d’écriture s’installait en quelque sorte au cœur de la situation elle-même. Habituellement le sociologue revient vers ses terrains en insérant des exemples, des observations ou des extraits de son journal de bord (des citations d’une réalité). Il capte des extraits de réalités et les réengage dans son écriture. Je vis les choses un peu différemment. Je ne convoque pas « mes » terrains par l’entremise d’extraits d’entretien ou d’observation car je les éprouve sans relâche pendant tout le temps de l’écriture. Ils affectent chaque mot que j’écris. Chaque phrase est empreinte de ce que j’ai pu percevoir, ressentir et comprendre. Mon implication d’écriture ne se désolidarise pas de mon implication de recherche. Il m’a fallu longtemps avant de prendre la mesure de ces « présences intérieures » intimement liées à mon écriture. Des lecteurs se sont étonnés que je n’insère pas, dans mes articles, des extraits d’entretien ou d’observation. Je n’en ressens pas nécessairement le besoin car mes terrains sont substantiellement présents dans le processus même de mon écriture. Et je crois qu’ils résonnent fortement dans les mots que j’emploie et les phrases que je construis.
Mon écriture sociologique n’est pas une écriture qui, classiquement, se rapporte à des situations (par l’intermédiaire d’exemples ou d’extraits) mais une écriture qui éprouve les situations. Je ne cherche pas, par l’écriture, à restituer une réalité ; je tente de l’éprouver, de l’éprouver à nouveau compte et, ainsi, de m’y frayer un (nouveau) chemin d’accès, un chemin intellectuel, un chemin théorique. Mon travail d’écriture n’est pas dissocié de mon travail de recherche. Je n’écris pas dans l’après, recherche faite, mais dans le mouvement même de la recherche-se-faisant. La réalité que mon écriture essaie d’approcher, possiblement d’apprivoiser, modifie donc progressivement son ontologie, au fur et à mesure que l’écriture l’appelle dans un nouveau registre d’existence. D’une réalité observée, elle devient réalité conçue, d’une réalité investiguée, elle devient réalité pensée. Je ne puise pas dans mes terrains comme s’il s’agissait d’une ressource à capter, peut-être à accaparer par le pouvoir des mots, en y prélevant des extraits et en enrôlant des citations. Je les (ré)engage dans de nouveaux registres d’existence, ceux appelés par l’effort de pensée et d’écriture. D’une perspective à l’autre, les gestes d’écriture diffèrent significativement. Le sociologue qui se rapporte à ses terrains par l’intermédiaire de la citation mobilise des gestes de coupure, d’extraction ou d’abstraction. Le sociologue qui, comme je le vis, (ré)engage son terrain en modulant son registre d’existence (en faisant varier son ontologie) recourt à d’autres gestes, plutôt de l’ordre de la translation et de la traduction, en fait de la transposition. Dans cette optique, une écriture réalise la réalité concernée, la manifeste à nouveau compte (théorique), l’actualise et l’active dans un autre registre d’existence (la sociologie). Elle lui octroie un supplément d’existence, qui ne se substitue aucunement à d’autres. Une même réalité se manifeste toujours avec plusieurs ontologies ; celle octroyée par l’écriture sociologique en représente une parmi d’autres, une parmi les autres. Vilém Flusser [3] associe le geste d’écriture à celui de la gravure. Si je m’empare de cette métaphore, je dirais qu’une écriture sociologique grave (inscrit, implante) une intention d’existence spécifique (épistémique, sociologique) au cœur d’une réalité qui en dispose déjà de nombreuses.
Le dispositif qui met en écriture
La page n’est jamais seule face à son auteur. « Pour pouvoir écrire, nous avons besoin, parmi d’autres facteurs, de : une surface (feuille), un outil (stylo), des signes (lettres), une convention (signification des lettres), des règles (orthographe), un système (grammaire), un système signifié par l’organisation de la langue (connaissance sémantique de la langue), un message (idées), et écrire. La complexité n’est pas tellement dans le nombre des facteurs indispensables, mais dans leur hétérogénéité » [4]. Il n’y a d’écriture que sur le mode d’un dispositif d’écriture et c’est bien ce dispositif qui met en écriture l’auteur. C’est ce dispositif qui nous fait écrire. Peut-on aller jusqu’à dire que c’est le dispositif qui écrit et que l’auteur n’est qu’un composant de ce dispositif, certes majeur, mais, comme les autres, rendu impuissant s’ils se dissocient des autres. Quand j’écris, quel est le dispositif qui écrit ? À l’instant, je suis allongé sur mon lit, l’ordinateur portable maintenu droit par un coussin, l’ensemble calé sur ma poitrine. Il y a quelques heures, j’ai avancé ce texte lors d’un voyage en TGV, l’ordinateur placé sur la tablette. L’ordinateur portable est un dispositif à lui seul – qui, pour moi, se suffit à lui même – et peut donc œuvrer en n’importe quel lieu et s’adapter à n’importe quelle situation. Il intègre plusieurs outils (clavier, écran, correcteur, documentation…) et développe conjointement plusieurs niveaux d’activité (archive, sauvegarde, écriture, correction). Ce dispositif associe donc plusieurs dispositifs opératoires : un dispositif d’écriture (celui dans lequel je m’inscris à l’instant), un dispositif de communication (le flux de mes mails), un dispositif d’écoute musicale (j’écoute à l’instant en boucle des musiques que Claude Spenlehauer m’a adressées)… J’apprécie de passer d’une activité à une autre, ou de partager dans le même moment plusieurs d’entre elles. Je peux donc me déplacer entre les différents dispositifs qu’active possiblement mon ordinateur portable. Ce « dispositif de dispositifs » (l’ordinateur) me convient bien car il stimule mon désir d’interruption et de réengagement. Je n’écris jamais sur un temps long et continu. Mon écriture est fractionnée. Je la vis comme une multiplication d’intensités. Je ne parviens à écrire que si je ressens de telles intensités. L’interruption est une promesse de réengagement, de réactivation, de remobilisation. C’est un moyen, me semble-t-il, de toujours laisser mon écriture en intensité. Elle ne s’installe pas. Elle ne s’étend pas. Elle ne dure pas. Elle s’interrompt et se relance. J’écris par impulsions – des impulsions que j’ai donc besoin de multiplier. Des impulsions. Des scansions. Des intensités. Mon dispositif d’écriture intègre donc ce besoin de suspendre pour reprendre, et l’ordinateur portable en est l’heureuse manifestation matérielle. J’écris cet article, je pars consulter mes mails, je fais un détour par le journal en ligne Médiapart, je reviens à mon écriture, je classe un dossier, je prends le temps de lire un travail étudiant, je relance mon écriture… et tout cela est rendu possible à l’intérieur même de ce « dispositif de dispositifs » que constitue mon ordinateur, sans que j’ai besoin physiquement de me mouvoir. Mon ordinateur – qui ne se réduit évidemment pas à un clavier et à un écran – représente donc l’éco-système dans lequel mon écriture se développe. En conséquence, le reste de mon environnement me devient parfaitement indifférent. Je peux écrire n’importe où, dans n’importe quelle ambiance. Je le fais souvent à la table de la cuisine, au milieu de la vie de la maisonnée, mais avec mes écouteurs sur les oreilles ; ce qui m’assure une complète plongée au sein de ce « dispositif de dispositifs » indispensable à mon écriture.
La page n’est jamais blanche
La page n’est jamais blanche. Ou, plutôt, dans mon expérience d’écriture, j’ai toujours fait en sorte qu’elle ne le soit jamais. « Quand je sens que je suis dans l’incapacité d’écrire, je retourne parfois en arrière et je relis des passages de quelque chose que j’ai écrit et dont je suis satisfaite » [5]. Pour entrer dans mon travail d’écriture, surtout pour la rédaction d’un article ou d’un chapitre de livre, je me plonge dans mes notes de lecture, je retiens certains passages ou certaines formulations qui, à un titre ou à un autre, interagissent avec mes préoccupations, me font signe et me stimulent, et je les reportent dans la page traitement de texte que je viens d’ouvrir pour commencer l’écriture de mon texte. Donc je commence par écrire dans les mots des autres, au-delà même d’écrire avec leurs mots. Comme mes notes de lectures sont désormais établies sur mon ordinateur, je pourrais me contenter de griser les passages et les mots que je souhaite reporter, puis faire un copier / coller. Mais non, je les réécris. Ils emplissent progressivement la page de mon futur texte. Ces extraits de texte que je copie stimulent ma réflexion, mais surtout activent mon écriture. Ce qui me fait vraiment dire que je commence à écrire dans les mots des autres. Cette façon de procéder a été au cœur de ma formation à l’écriture. J’ai vraiment beaucoup peiné à mes débuts. J’ai expérimenté tous les empêchements à écrire, et ils ont été cruels. Que les feuilles me paraissaient blanches ! Que ce vide était inquiétant ! Je me suis donc imprégné de l’écriture des autres afin de faire advenir la mienne. C’est dans la matière même, dans la profondeur, de l’écriture des auteurs que je lisais que j’ai réussi progressivement à faire exister la mienne. Je lisais l’ouvrage et, en marge, au crayon à papier, je soulignais des passages. Ensuite, je reportais ces passages dans des notes de lecture très denses. Ce travail représentait un dur labeur. Je le poursuis aujourd’hui. En reportant ces passages dans mes fiches de lecture, je relisais donc le livre, mais d’une manière plus sélective, plus singulière, et donc je m’en imprégnais d’autant mieux. Mais, au-delà, je pourrais dire que je réécrivais le livre, très partiellement bien sûr. Récemment, me voyant reporter à l’ordinateur mes annotations de lecture, ma fille m’a demandé pourquoi je réécrivais un livre déjà écrit. Quand je préparais mon doctorat, j’établissais ces notes de lecture au stylo, et j’avais besoin que mes pages d’annotations soient extrêmement denses, comme si j’avais besoin d’emplir ma vie de l’écriture des autres. Désormais, cette prise de note, je la fais évidemment sur l’ordinateur.
Une écriture en mode spiralée
Je réengage une écriture, je ne la commence pas. Mon écriture est toujours en reprise. Elle s’appuie toujours sur une écriture-déjà-là, en antériorité. J’écris sur un mode spiralé. J’avance quelques lignes, quatre ou cinq, sept ou huit ; puis j’interromps mon écriture pour remonter très en amont dans mon texte. Je me relis. J’opère quelques ajustements. Je corrige une faute, retire une coquille, change un mot, ajoute un adverbe. J’atteins ainsi le bout de mon texte et, dans la continuité du mouvement (un mouvement de lecture vecteur d’écriture) je réamorce mon écriture, j’enchaîne et je poursuis la rédaction. Et ainsi de suite, de spirale en spirale. Je me relis, je corrige et je relance. Je réécris mon écriture et, avec cette impulsion donnée à l’écriture, sur cette lancée, j’avance le texte. Au bout de quelques lignes, je l’interromps à nouveau et je rouvre un cycle du même type : je me relis, je me réécris et je réimpulse mon écriture. Cette écriture en spirale me fait donc dire que j’écris toujours dans la matière de ma propre écriture. Je trace mon écriture à l’intérieur de l’écriture qui tout juste la précède. Je renouvelle sans cesse les antériorités de mon écrit, des antériorités qui vont porter et soutenir mon geste d’écriture. Je fais en sorte qu’il n’y ait pas de préalable à mon écriture (pas de feuille blanche, et le moins de rituels possibles) mais qu’il y ait toujours une antériorité dans laquelle elle puise son énergie et amorce son geste. Mon écriture est tournée vers ses antériorités et non vers son résultat ou sa conclusion. Ou, plutôt, elle reste en devenir parce qu’elle profite de la force (inspirante et encourageante) de ses antériorités. Il n’y a pas de début. Un texte ne débute pas. J’écris toujours en continuité. J’écris dans et par le milieu, jamais en début. J’ai réussi ainsi, je crois, à vaincre la feuille blanche. La feuille est toujours déjà écrite, soit par la réécriture des mots empruntés à un auteur, soit par la réécriture de ma propre écriture. Je parviens ainsi, je crois, à tenir mon geste d’écriture sans vivre les affres de devoir le faire commencer.
Pascal NICOLAS-LE STRAT, mars 2017
[1] Francis Lesourd, « Public intérieur », en ligne : http://encyclopedie.fabriquesdesociologie.net/public-interieur/ [consulté le 25 mars 2017].
[2] Jean-Claude Passeron, « Écrire, réécrire de « dire vrai » en sociologie », préface à Howard S. Becker, Écrire les sciences sociales (Commencer et terminer son article, sa thèse ou son livre), Economica, 1986, p. IX et X.
[3] Vilém Flusser, Les gestes, nvelle éd. augmentée, Al Dante, 2014, p. 46.
[4] Idem, p. 44.
[5] Pamela Richards, « Prendre des risques », in Howard S. Becker, Écrire les sciences sociales (Commencer et terminer son article, sa thèse ou son livre), op. cit., p. 126.
[Ce texte a été publié dans la revue Efadine, n°8, novembre 2017, p. 77 à 83]