Le moment « expérientiel » dans l’engagement critique

Ce texte se propose d’interroger l’articulation entre engagement critique et expérimentation à partir des initiatives prises par différents acteurs socio-politiques qui s’attachent à contredire les formes dominantes de faire la ville et de la vivre, de constituer les activités et de les pratiquer, de concevoir les institutions et de les gouverner. À l’occasion de ces expérimentations, ils mettent en quelque sorte leur intention critique à l’épreuve des situations rencontrées. Ils ne se bornent pas à désavouer une réalité, et à la contredire, mais ils s’efforcent de la moduler sur un mode inédit ou de l’inscrire dans de nouvelles perspectives.

Leur posture critique ne se résume donc pas à une position de refus. Au contraire, ils s’approprient une situation mais pour mieux en contrecarrer la logique. On peut dire qu’ils cherchent à retourner la situation contre elle-même en la mettant en jeu dans des formes nouvelles ou en la confrontant à un contexte inhabituel.

Ils n’agissent pas dans les marges, certainement pas dans la marginalité. Ils agissent en situation, à la fois dans et contre la situation. Ils s’emparent de l’existant pour lui faire signifier quelque chose de radicalement autre.

Ces artistes, militants, intervenants sociaux ou activistes urbains expérimentent les situations au sens où ils doivent évaluer et ré-évaluer inlassablement l’environnement dans lequel ils agissent, rester suffisamment réceptifs aux événements qui ne manquent pas de survenir et réajuster leur action en regard des oppositions rencontrées. Ils ne peuvent pas se contenter d’assumer un rapport d’opposition ni simplement d’endosser une position alternative. Ils se confrontent nécessairement à l’indétermination de la situation. Et cette indétermination les oblige – les oblige à reconsidérer régulièrement leur point de vue et à poser de nouvelles hypothèses, à tester d’autres modalités d’action et à reconfigurer, en conséquence, leur mode d’intervention.

Une indétermination prometteuse

Cette politique de l’expérimentation, que nous esquissons dans ces premières lignes, est assurément en voisinage étroit avec la politique du performatif que formule Judith Butler [1]. Dans quelle mesure un collectif impliqué dans et par une situation est-il en capacité de la redéployer ou de la déborder ? De l’inscrire dans de nouvelles perspectives ou de la prendre à revers ? De dégager un nouvel horizon de sens ou de percer de nouvelles lignes d’action ? Et, finalement, de l’actualiser à nouveau compte ?

Nous avons été sollicité, en tant que sociologue, par des acteurs socio-culturels impliqués par l’aménagement d’une nouvelle zone d’habitat et d’activité aux abords immédiats du quartier dans lequel ils vivent ou exercent leur métier. Comme il est légitimement de mise dans une telle conjoncture, le collectif se positionnait plutôt en réaction vis-à-vis de ce projet d’urbanisation, pas forcément en réaction-contre mais, néanmoins, en réplique ou en riposte par rapport à un projet auquel il n’était pas réellement associé et dont il découvrait les orientations postérieurement à leur détermination. C’est ce rapport à la situation que le collectif s’employait à modifier. Dans les termes de Félix Guattari, nous dirions que l’enjeu était de reformuler l’écosophie de la situation afin que le collectif renforce sa capacité à agir dans et sur ce contexte et qu’il parvienne à déplacer / renverser la logique d’action qui le contraignait plus qu’elle ne l’engageait. Lors d’une journée de travail avec le collectif, une hypothèse a pris forme dans la discussion : l’usage précède l’aménagement ou l’équipement. Sur un plan réflexif, il devenait alors possible de prendre à contre-pied les orientations urbaines mises en œuvre. Cette hypothèse permettait tout à la fois de renouer avec des antériorités, car un projet d’aménagement ne se réalise jamais sur un lieu vide et sans usage même s’il est de son intérêt de le laisser entendre, et de désinhiber les imaginaires face à une programmation urbaine souvent claquemurée derrière ses évidences. Des participants ont alors évoqué la vitalité des pratiques qui existaient en ce lieu avant son aménagement et son urbanisation, d’autres l’importance des échanges et des pratiques quotidiennes qui se font jour dès le démarrage des chantiers et qui réservent de réels appuis ou relais pour des interventions ultérieures. L’hypothèse fait office d’amorce, y compris dans l’acception un peu explosive du terme. Elle fait émerger un nouveau plan d’analyse et, tendanciellement, d’action – en l’occurrence, une autonomie relative des usages, non réductible à la programmation urbaine –, elle opère un déplacement des regards ou un ré-étagement des perspectives à partir desquels des problématiques peuvent être explorées, des interventions esquissées. Cette hypothèse ré-introduit notamment le point de vue des pratiques quotidiennes, leur insistance et leur résistance, leur développement qui ne saurait se réduire à des syntaxes prescrites (affectation des lieux, qualification fonctionnelle des espaces, segmentation des temps de vie et d’activité, distribution légitime des présences et des occupations…).

Une situation de vie ou d’activité ne coïncide jamais totalement avec le texte officiel dans lequel de nombreuses instances institutionnelles tentent de la circonscrire et de la confiner. Elle engage nécessairement une pluralité d’écritures, plus ou moins revendiquées, plus ou moins reconnues – des écritures silencieuses comme peuvent l’être les pratiques quotidiennes de vie et d’activité ou des écritures subalternes toujours empêchées d’accéder à une pleine visibilité publique [2]. Lorsque nous introduisons l’hypothèse « l’usage précède l’aménagement ou l’équipement », nous le faisons avec l’espoir de faire dérailler le cours habituel des légitimités et des reconnaissances et d’arracher la situation aux fonctions et utilisations qui lui sont autoritairement attribuées. Une situation de vie ou d’activité est nécessairement en capacité de s’émanciper du strict cadre dans lequel elle s’origine, à savoir une programmation urbaine pour ce qui intéresse notre exemple. Elle est susceptible de bifurquer et elle réserve conséquemment un ensemble d’opportunités, à l’état d’ébauche ou encore insoupçonnées, à fleur de réalité ou absolument indiscernables. N’importe quel aménagement peut être détourné et servir de support à un usage parfaitement inédit. L’installation de bordures de trottoir ou d’un dallage représente pour des skateurs une occasion inespérée pour explorer de nouvelles figures; un décrochage dans l’alignement d’une rue servira de lieu de rencontre – une sorte de ponctuation urbaine propice au prolongement des conversations. Dans un hall de gare, une prise électrique prévue pour les agents d’entretien sera discrètement détournée pour recharger un ordinateur portable. Les aménageurs sont en lutte constante contre ces réinvestissements imprévus, si fâcheux et contrariants, et multiplient les mesures « préventives » pour les dissuader : « esthétisation » des espaces pour dissuader toute pratique ludique (s’allonger sur les pelouses), inconfort des équipements pour contrarier toute utilisation prolongée, sur-équipement des lieux pour décourager les attroupements et les rencontres spontanées [3]. Une même situation est donc traversée par une multiplicité de « textes » et ne saurait se résumer à ce que les programmeurs ont écrit pour elle ou contre elle. Une politique de l’expérimentation a donc bel et bien pour objet de faire dévier ces trajectoires de sens si lourdement programmées ou, encore, de faire bégayer l’écriture officielle de la planification et de l’aménagement. In fine, elle témoigne qu’un usage n’est jamais le simple dérivé « logique » et prévisible d’un équipement.

Politique de l’expérimentation

L’hypothèse qui s’immisce dans une situation – une situation donnée comme acquise – amorce donc une chaîne de re-significations et de ré-interprétations. Elle ne contraint pas, ni ne détermine. Elle fonctionne comme une sorte d’intercesseur entre nos désirs et nos réalités de vie, entre une espérance politique et notre quotidien. Elle introduit un point de vue décalé à partir duquel la situation peut être repensée. L’hypothèse opère donc un déplacement à l’intérieur de la situation et peut, alors, opportunément servir de point d’appui pour agir. Elle fait différence. Elle provoque une bifurcation. Mais cet enchaînement de re-significations et de ré-interprétations peut se briser aussitôt esquissé et ce point d’appui, céder à peine formulé. Une politique de l’expérimentation nous oblige à agir sur la base de cette indétermination et à puiser dans cette indétermination les meilleurs motifs pour aller de l’avant – pour explorer à nouveau compte les événements qui ne manquent pas de survenir, pour reparcourir la situation en quête de soutiens et de ressources, pour réviser une orientation en regard des coopérations et des échanges qui se forgent ou se délitent. L’hypothèse entretient un doute et une indécision qui représentent autant de justifications pour agir, autant d’intéressement à agir.

L’hypothèse est donc un événement qui arrive non pas dans la situation mais fondamentalement à la situation. Elle modifie substantiellement la façon dont nous nous comportons à son égard, dont nous nous connectons et nous nous rapportons à elle. Elle désinhibe le rapport que nous entretenons avec notre environnement de vie et d’activité, ordinairement empreint de défiance et de circonspection. “Une telle expérimentation introduit des éléments fictionnels, inventés, qui sont utilisés comme moyens pour générer un échange réciproque entre des réalités en apparence entièrement séparées et ainsi rendre accessibles, voire même créer, de nouveaux modes d’expérience” [4].

Une politique de l’expérimentation, par conséquent, met l’ensemble des acteurs à l’épreuve de la situation dans laquelle ils s’impliquent, par leur lutte ou leur coopération et, symétriquement, met également la situation à l’épreuve des intentions et des désirs portés par ces mêmes acteurs. Les lignes d’évolution ou de transformation qui se découvrent à cette occasion affectent pareillement le collectif et son environnement; elles sont constitutives de l’un comme de l’autre. Elles ré-engagent le collectif et, simultanément, redéploient la situation. L’hypothèse représente donc un espace-temps intermédiaire, introduit « artificiellement » et « fictivement », mais qui provoque de solides effets de réalité, tant du point de vue du collectif qui peut s’en trouver renforcé aussi bien que déstabilisé, que de la situation concernée qui est susceptible de s’ouvrir à des possibles comme se crisper sur son existant. A l’occasion de la création d’un séminaire collaboratif [5], associant des participants d’horizons professionnels assez divers, nous fûmes personnellement confrontés à cette forme de co-(in)détermination : le caractère non universitaire du séminaire interpellait simultanément le collectif, trop hétérogène pour s’adosser « naturellement » et aisément à un habitus commun, et le séminaire en tant que « dispositif de pensée », lui aussi dépourvu d’assise institutionnelle. Ce séminaire est né d’une hypothèse : en l’absence d’un système de références partagé, qui s’imposerait d’évidence, le séminaire ne peut forger sa cohésion que dans son rapport à lui-même – dans son rapport à la situation que, progressivement, il va déterminer et dans son rapport au dispositif qu’il forme au fur et à mesure de ses travaux et qui, en retour, lui donne forme. Il s’originait donc dans une indétermination, assumée et revendiquée : dans quelle mesure un séminaire parvient-il à se constituer indépendamment de toute identité d’objectif, de statut ou de programme ? En l’absence de l’apparat universitaire classique, à savoir une parole introductive qui fait autorité, un programme de travail qui délimite légitimement l’exercice de pensée, un ordre du jour qui réfrène les extravagances réflexives et le risque de penser hors du champ disciplinaire ? Lors d’une des premières séances, nous formulions l’invitation en ces termes : “Qu’est-ce qui développe ou restreint notre capacité à penser ? Penser nous confronte à une incertitude qu’il est plus commode de combler que d’explorer. La tentation est donc grande de souscrire aux normes de penser propres à nos institutions d’appartenance. A quelles conditions ou à quelles occasions sommes-nous encouragés à sortir des savoirs constitués que la société met à disposition ? Penser revient-il à penser dans les normes ? Est-il envisageable de mettre en réflexion les normes [les situations] à partir desquelles le travail de penser s’exerce ordinairement ? Peut-on penser et, dans le même temps, discuter les conditions normatives qui en balisent l’exercice ?” [6].

A défaut d’attaches et d’ancrages extérieurs, le séminaire doit puiser en lui-même – ou plutôt doit élaborer en lui-même – les conditions de son exercice. Dans cette perspective, le séminaire devient parfaitement immanent à lui-même; il ne trouvera nulle part ailleurs qu’en lui-même une capacité à agir et à penser. Dans le séminaire chacun parle à partir de tous les propos qui l’ont précédé et c’est cette trame de paroles qui agence l’espace-temps collectif – ce que David Vercauteren nomme une « culture des précédents » [7]. Les paroles et les idées s’auto-supportent les unes les autres au sens où elles ne disposent pas d’autres facteurs de structuration que leur propre interaction. Elles s’auto-supportent au sens où elles se rendent disponibles les unes aux autres. Ce mode d’agencement permet de tenir à distance les modes classiques de régulation des échanges : les positions d’autorité, l’injonction du programme, les délimitations disciplinaires… Le collectif se constitue donc dans le moment même où il construit son dispositif de travail et agence sa situation de parole. Chacun est nécessairement le présupposé de l’autre. Chacune de ces dimensions – le collectif initiant l’échange et le dispositif instituant la parole – est tour à tour, voire simultanément, constituante de l’autre. Elles s’interpellent et se déterminent réciproquement, à l’intérieur du même processus, sur un mode parfaitement immanent. L’hypothèse inaugurale est l’opérateur privilégié de cette réciprocité constituante, dans la mesure où cette hypothèse décourage tout recours à une référence extérieure (académique ou institutionnelle) susceptible de réguler souverainement (autoritairement) les échanges.

Témoin et explorateur de sa propre puissance d’agir/de penser

Ainsi que le souligne Judith Butler, “La force et la signification d’une énonciation ne sont pas exclusivement déterminées par le contexte et les « positions » qui lui préexistent; une énonciation peut tirer sa force précisément de la rupture qu’elle accomplit avec le contexte. […] Le performatif tire précisément sa force de sa décontextualisation, de la rupture qu’il opère avec le contexte préétabli, et de sa capacité à adopter de nouveaux contextes” [8]. Si nous poursuivons dans la même veine théorique, nous dirions que l’expérimentation s’arroge une légitimité en cours d’accomplissement, grâce aux ruptures qu’elle opère et à la prise de distance qu’elle entérine tant vis-à-vis des normes en vigueur que de la situation préexistante. La puissance d’agir et de penser ne réside donc pas principalement du côté d’une autorité acquise ou d’un capital (symbolique ou social) préalablement constitué. Elle ne résulte pas d’une ressource extérieure à elle, comme peuvent l’être des normes reconnues, des habitus partagés ou un contexte établi. Mais elle se prouve et s’éprouve en situation, à travers son propre accomplissement, à la mesure des résistances qu’elle rencontre. Une puissance d’agir et de penser ne s’origine nulle part ailleurs que dans sa propre manifestation. Elle ne dispose de nulle autre existence que le strict plan de son exercice et de son accomplissement. Elle se relance et se réatteste, in situ, en regard de la multiplicité d’événements qui la sollicitent – qui la bloquent ou la stimulent, l’obligent ou la dispersent, la démultiplient ou l’assèchent.

Une puissance d’agir ou de penser n’a pas d’autres ressources que celles qu’elle manifeste à l’épreuve des interactions et des contextes. Elle crée ses propres dimensions à partir des processus concrets qu’elle initie continûment et qui lui confèrent, en retour, un surcroît d’intensité ou un supplément d’existence. Ni désincarnée, ni incantatoire, cette faculté (avoir prise, prendre prise) se rapporte nécessairement et co-substantiellement à ses modes d’effectuation et de réalisation – ou, plus exactement, de co-effectuation car elle est indissociable d’une visée collective et de contre-effectuation car elle n’acquiert sa réelle portée que dans un rapport de résistance ou de persévérance. Elle est en permanence soumise à une double épreuve : à l’épreuve de ce sur quoi elle porte (une situation) et ce pour qui elle importe (un collectif) [9]. Il n’y a d’expérimentation possible que sur la base de cette double prise de risque. Car, en la matière, il s’agit bien de se risquer – se risquer au beau milieu d’une situation nécessairement multiple et hétérogène et s’y risquer en compagnonnage d’autres.

Une politique de l’expérimentation vient aiguillonner cette faculté à agir et à penser dont nous disposons et qui dispose de nous; elle la sollicite, la débusque, la manifeste.

L’hypothèse crée l’événement – elle fait événement – et le fait en situation; mais cet événement ne contient ni explicitement ni implicitement ses solutions [10]. Il ne détermine rien en soi, de son seul fait, mais il nous « oblige » au sens où nous devenons tout à la fois explorateur et témoin des processus qui s’ébauchent, qui tout juste s’amorcent. En ce sens, l’événement « expérientiel » nous construit en tant que sujet car il nous engage à investiguer plus avant ce qui s’esquisse; il nous met à l’épreuve d’un possible à prolonger, à contredire, à assumer ou à défaire.

Pascal NICOLAS-LE STRAT, juin 2009

[1] Judith Butler, Le pouvoir des mots (Politique du performatif), éd. Amsterdam, 2004 (Tr de l’anglais par Charlotte Nordmann).

[2] Selon le motif théorique et politique de James C. Scott, La domination et les arts de la résistance (Fragments du discours subalterne), éd. Amsterdam, 2008 (Tr. de l’anglais par Olivier Ruchet).

[3] Consulter à ce propos Jean-François Prost, « Life after architecture », Adaptive actions, UK edition, 2009, p. 10 à 15.

[4] Katrin Solhdju, « L’expérience pure et l’âme des plantes », Vie et expérimentation – Peirce, James, Dewey, Didier Debaise (coord. scientifique), Vrin, 2007, p. 96.

[5] Séminaire « Usages et écologie des savoirs : vers une constitution mutuelle et réciproque de la connaissance », Montpellier 2008-09. Ce séminaire est présenté en annexe de mon livre Quand la sociologie entre dans l’action, éditions du commun, 2018, en accès libre au format ePub : https://pnls.fr/quand-la-sociologie-entre-dans-laction/.

[6] Idem, séance du 5 février 2008.

[7] David Vercauteren, en coll. avec Thierry Müller et Olivier Crabbé, Micropolitiques des groupes (Pour une écologie des pratiques collectives), HB éditions, 2007, p. 7. J’ai écrit une lecture de ce livre, en libre accès ici : https://pnls.fr/micropolitiques-des-groupes/.

[8] Le pouvoir des mots (Politique du performatif), op. cit., p. 226 et p. 229-230.

[9] Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, La sorcellerie capitaliste (Pratiques de désenvoûtement), La Découverte, 2005, p. 150.

[10] Cf. Maurizio Lazzarato, Les révolutions du capitalisme, Les empêcheurs de penser en rond / Le Seuil, 2004, p. 12.

[Ce texte a été publié dans mon livre Moments de l’expérimentation, éd. Fulenn, 2009, p. 51 à 60. En libre accès au format ePub : https://pnls.fr/moments-de-lexperimentation-livre-epub/]